Collectivité unique: La réponse de Pierre-Jean Luciani

Réaction de Pierre-Jean Luciani, Président du Conseil départemental de la Corse-du-Sud aux propos de Jean-Guy Talamoni, Président de l’Assemblée de Corse.

« Hier (26 mai 2016), devant l’Assemblée de Corse, son Président s’est fendu de propos que je pourrais presque qualifiés de risibles si, en réalité, ils n’étaient pas tout simplement affligeants.

En fustigeant les deux Départements corses comme le rapporte Corse-Matin dans son édition du jour (27 mai 2016), M.Talamoni livre enfin sa pensée profonde. La création d’une Collectivité Unique se présente pour lui comme une « occasion de débarrasser la Corse des Conseils départementaux, royaumes de la pulitichella ».

Lui qui n’a pas son pareil pour donner des leçons de corse, il devrait savoir qu’au sens propre du terme (et non dans l’emploi caricatural qu’il en fait) la pulitichella, la petite politique, est celle qui consiste à agir au plus près des besoins et des attentes des corses. Ce dont il semble désormais bien éloigné.

Si j’ai pris, avec d’autres, mes distances avec cette réforme, c’est précisément parce qu’elle est conduite sans considération pour la proximité, l’action sociale, la représentation des territoires et pour l’avenir des agents… Pour autant, je n’en suis pas moins légaliste et je m’impose, en toutes circonstances, le respect des lois de la République.

Lorsque M.Talamoni pourfendait Paris et son gouvernement, s’inquiétait-il de savoir si cela fragilisait l’unité de la Corse, si cela servait l’intérêt général ? Sa démarche répondait, à n’en pas douter, à la volonté de défendre le bien-fondé de ses convictions politiques ? Aujourd’hui, hissé au rang de dirigeant de la Corse, il est amusant de constater qu’exprimer des positions divergentes, elles-mêmes inspirées par une conviction comparable à la sienne, soit interprété comme un point de vue « artificiel ». Il est tout aussi surprenant de désigner les Départements comme un « nid du clientélisme ». Prenez garde cependant, du haut de votre perchoir, à ne pas trop rapidement agiter le spectre du clanisme.

Compte tenu de l’état d’esprit qui anime les dirigeants nationalistes de la CTC, les corses dans leur ensemble, devraient commencer à s’interroger sur les avantages prétendus ou réels de l’avènement d’une seule et grande collectivité sans véritable contre-pouvoir. Jusqu’au bout, en votre nom, je défendrai une certaine idée de la politique, libérée de toute idéologie et de toute forme de sectarisme.

Je regrette enfin que M.Talamoni n’aime le débat que lorsqu’il lui est favorable et qu’hélas, la pensée unique fasse une nouvelle victime. »

 

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